Naissance : Jean Moulin est né le 20 juin 1899 à Béziers. Son père Antoine-Emile était professeur de lettres puis d’histoire et conseiller général radical-socialiste de l’Hérault. Il avait un frère aîné Joseph, décédé en 1907 d’une péritonite et une soeur Laure, plus âgée.
Etudes : Bachelier en 1917, il s’inscrit à la faculté de droit de Montpellier et obtiendra sa licence et travaille comme attaché au cabinet du préfet de l’Hérault. Jean Moulin est mobilisé en avril 1918 et ne participe pas vraiment à le Première Guerre Mondiale dont l’armistice intervient en novembre 1918.
Profession : Haut fonctionnaire de l’Etat, il débute comme secrétaire général de Préfecture à Montpellier. Il devient en 1925 le plus jeune sous-préfet de France, à Albertville en Savoie. Fonction qu’il exercera successivement à Châteaulin (1930-1933) et à Thonon (1933).
Sa rencontre avec Pierre Cot en décembre 1927 à Albertville, marquera le début d’une longue collaboration entre les deux hommes. Il appartiendra à plusieurs cabinets ministériels et notamment celui de Pierre Cot, Ministre de l’Air dans le gouvernement du Front populaire. Nommé préfet en mars 1937, il est, là encore, le plus jeune préfet de France avant de poursuivre sa mission à Rodez en 1938.
En 1939, il cherche expressément à rejoindre le service actif, suite à la mobilisation de septembre1939. Il obtient gain de cause en décembre 1939. Mais Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur de l’époque, l’envoie aussitôt à Chartres.
Résistance : Lorsque la guerre éclate, il veut rejoindre les troupes, mais il est maintenu en affectation spéciale à Chartres où il fait face à l’exode de la population. 700 à 800 Chartrains sur une population de 23000 habitants demeurent sur place.
Le 17 juin 1940, il reçoit alors les premières unités allemandes ; les autorités d’occupation veulent lui faire signer une déclaration accusant des unités de tirailleurs africains d’avoir commis des atrocités envers des civils à Saint-Georges-sur-Eure, en réalité victimes des bombardements allemands. Passé à tabac à La Taye, confronté aux victimes, il est finalement enfermé avec un soldat sénégalais dans une pièce de la loge du concierge de l’hôpital parce qu’il refuse de signer. Il se tranche alors la gorge mais est découvert, gisant dans son sang au petit matin. Soigné in extremis par les Allemands, il est pris en charge par les soeurs de la Charité.
Il reste à son poste avant d’être, révoqué par Vichy le 2 novembre 1940; ; il part pour la zone sud, s’installe dans la maison familiale de Saint-Andiol (Bouches-du-Rhône) le 15 novembre 1940 et prend contact avec les principaux mouvements de résistance de zone sud.
Avant de quitter sa préfecture, il se crée une première fausse identité, celle de Joseph-Jean Mercier, né le 20 juillet 1896 et domicilié à New York.
En septembre 1941, il quitte la France par ses propres moyens pour rejoindre l’Angleterre depuis le Portugal, Lisbonne, après avoir traversé l’Espagne.
Le 20 octobre 1941, il rejoint Londres, est reçu par le Général de Gaulle le 25 octobre et le « supplie » de l’employer même pour des taches ingrates. Il lui fait aussi un rapport complet de l’état de la résistance en France et de ses besoins.
Le représentant officiel du Général de Gaulle et sa double mission: Dès novembre 1941, un parachutage de Moulin est prévu mais il n’interviendra qu’en janvier 1942. Le Général de Gaulle, chef des Français libres, renvoie Moulin en métropole avec pour mission de rallier et d’unir les mouvements de résistance. Il doit également créer une Armée secrète en séparant le militaire du politique.
C’est donc le 2 janvier 1942 à 3h30 du matin, avec quelques financiers et de transmission en poche, que aqJean Moulin est parachuté sur les Alpilles.
Après de brefs séjours à Saint-Andio, Montpellier puis Marseille, il s’installe à Lyon.
Délégué général du général de Gaulle, « Rex », alias Moulin, commence à mener à bien sa tâche complexe et délicate en zone sud. Il rencontre Henri Frenay, Emmanuel d’Astier et Jean-Pierre Lévy, respectivement responsables des trois principaux mouvements de la zone sud Combat, Libération et Franc-Tireur, leur apporte une aide financière, parvient, non sans mal, à aplanir leurs différends.
Son action aboutit, le 29 octobre 1942 à la création de l’Armée secrète (AS), fusion des groupes paramilitaires de ces trois grands mouvements, dont le commandement est confié au général Delestraint, connu sous le pseudonyme de Vidal.
L’année 1943 et la rivalité avec Pierre Brossolette: Après la création des Mouvements unis de Résistance (MUR) le 26 janvier 1943 rassemblant Combat, Libération et Franc-Tireur, Jean Moulin rejoint Londres en février 1943. La résistance de la zone sud est à présent unifiée.
En Angleterre, il est décoré par le général de Gaulle de la Croix de la Libération.
De retour en France dès le 20 mars, « Rex » devenu « Max » est le seul représentant du général de Gaulle pour la Résistance.
Seul officiellement mais Pierre Brossolette, son alter-égo en zone Nord, proche lui aussi du Général de Gaulle et le colonel Passy sont chargés aussi d’une mission d’unification de la résistance armée. Avec Jean Moulin, Ils se rencontrent le 31 mars et le 1er avril 1943, à Paris. Ces rencontres donnent lieu à des altercations, en présence de témoins, dont Passy et Daniel Cordier, d’une violence inouïe.
Ses efforts dans toutes les directions aboutissent bientôt à la constitution du Conseil national de la Résistance (CNR) dont la première réunion se tient sous sa présidence au 48 de la rue du Four à Paris, le 27 mai 1943.
Il s’agit d’un conseil réunissant les responsables de mouvements de résistance des deux zones mais aussi des responsables politiques et syndicaux. Important politiquement car il symbolise aux yeux du monde – et surtout des Alliés – l’unité française, le CNR adopte lors de sa première réunion une motion reconnaissant le général de Gaulle comme le seul chef politique de la France combattante.
Une double arrestation, celle de Delestraint et celle de Jean Moulin : Le 9 juin 1943, à Paris, se produit un événement qui va précipiter la « chute » de Jean Moulin.
En effet, ce jour de juin 1943, le général Delestraint, en charge de l’Armée Secrète, est arrêté dans le métro parisien. L’organisation militaire de la résistance est décapitée et risque d’être handicapée si elle reste sans responsable à sa tête.
Jean Moulin se rend alors à Lyon pour convaincre Raymond Aubrac et André Lassagne de prendre provisoirement la tête de l’Armée Secrète: Aubrac pour la zone nord et Lassagne pour la zone sud. Une rencontre a lieu le 20 juin 1943 au parc de la Tête d’Or.
Jean Moulin convoque alors les différents responsables que sont André Lassagne, Aubry, de Combat, le colonel Lacaze, Bruno Larat et le colonel Schwartzfeld, dirigeant de France d’Abord pour le 21 juin 1943 à Caluire, dans la banlieue de Lyon, chez le Docteur Dugoujon. Un invité de dernier minute, dénommé René Hardy, résistant à Combat, s’était joint à cette réunion. Mais à peine sont-ils arrivés que la Gestapo menée par Klaus Barbie intervient : tous sont arrêtés et emmenés à la prison du Fort Montluc à l’exception de Hardy, qui parvient à s’échapper sans que les allemands ne cherchent à le rattraper.
A ce moment là, Jean Moulin se fait appelé Jacques Martel et sa profession est décorateur et sa présence chez le médecin est justifiée par l’envoi d’un confrère médecin.
Ses interrogatoires puis sa mort : Interrogé par Klaus Barbie qui l’identifie après deux ou trois jours suite à sa désignation par l’un des autres prisonniers, torturé lui aussi, Jean Moulin ne dit rien et restera silencieux jusqu’au bout. Il est transféré début juillet 1943, au siège de la Gestapo, 84 avenue Foch à Paris puis dans une villa de Neuilly, où la Gestapo avait coutume « d’interroger » des personnalités importantes. Sans que l’on sâche réellement si c’est à cause des tortures subies ou parce qu’il a tenté de se suicider, son état de santé est désespéré. C’est vraisemblablement pour tenter de le soigner et de le conserver comme otage qu’il est transféré en Allemagne. C’est dans le train, quelque part entre Metz et Francfort, alors qu’il n’a déjà plus figure humaine, qu’il meurt le 8 juillet 1943.
